Propriétés et territoires autochtones en Nouvelle-France II – La gestion des districts de chasse

Michel MORIN, « Propriétés et territoires autochtones en Nouvelle-France I – Contrôle territorial et reconnaissance de territoires nationaux », (2013) 43 (2-3) Recherches amérindiennes au Québec 59-75

et

« Propriétés et territoires autochtones en Nouvelle-France II –  La gestion des districts de chasse », (2014) 44 (1) Recherches amérindiennes au Québec  129-136

 

Résumé

Dans le nord-est de l’Amérique du Nord, l’origine précolombienne des territoires familiaux autochtones a suscité une controverse chez les anthropologues, tout comme la possibilité que les Algonquiens aient élaboré par eux-mêmes des mesures de conservation des ressources fauniques. Pourtant, au début du xviie siècle, les Français n’ont aucune difficulté à reconnaître l’existence de territoires dont l’accès est contrôlé par des nations autochtones et qui constituent la propriété collective de l’un d’entre elles; par conséquent, ses chefs en supervisent l’usage par ses membres. Avec le temps, les représentants du roi s’emploient à convaincre les peuples « frères » de s’accorder un droit mutuel de chasser sur leurs terres. Comme en Acadie, il existe en Nouvelle-France des « districts » de chasse bien délimités exploités sous la direction d’un chef de bande familiale. Les membres d’une autre bande ou les étrangers doivent obtenir la permission d’y chasser, quoique les incursions occasionnelles soient acceptées. À compter de 1660, des mesures de conservation sont observées dans la région des Grands Lacs et même dans celle du lac Champlain, mais au xviiie siècle, elles ne semblent pas connues sur la Côte-Nord; cependant il paraît peu probable que les autochtones n’aient pas eu les connaissances suffisantes pour en élaborer eux-mêmes. Dans l’ensemble, leur conception du territoire semble d’origine autochtone plutôt que française. Elle repose sur l’existence de limites nationales et de districts bien définis, même si les observateurs français ne cherchent pas à décrire ceux-ci précisément. Cet article est publié en deux parties. La première partie, qui apparaît dans le présent numéro, porte sur les débats concernant l’origine du contrôle territorial et sur la reconnaissance des territoires nationaux.

 

 

 

Abstract

In North-Eastern America, among Anthropologists, the pre-Columbian origin of Indigenous familial territories has remained controversial, like the possibility that Algonquian peoples devised wildlife conservation measures by themselves. At the dawn of the 17th century, however, the French had no difficulty recognizing the territories of Indigenous Nations, who controlled access to the area and exercised a form of collective ownership over it; their chiefs also supervised the use of lands. With time, the King’s representatives tried to convince peoples who called themselves “brothers” to grant each other a mutual right of hunting over their lands. Like in Acadia, there existed in New France well-defined hunting “districts” exploited under the direction of the chief of a familial band. Members from another band or strangers had to obtain permission to hunt there, though occasional incursions were accepted. From 1660, conservation measures were observed in the Great Lakes and Lake Champlain area, but in the 18th century, they seemed unknown on the North Coast of the Saint Lawrence River; it seems unlikely that Indigenous persons did not have enough information to devise such measures by themselves. Overall, their conception of territory seems to have an Indigenous rather than a French origin. It rested on the existence of national limits and well-defined districts, even though French observers did not attempt to describe these with precision. This paper is being published in two parts. The first, which appears in this issue, focuses on the debates concerning the origins of territorial control and on the recognition of national territories.

Ce contenu a été mis à jour le 12/05/2016 à 16 h 48 min.